Rogue Legacy

C’est vrai qu’avec la déferlante de jeux indépendants depuis quelques temps, on a parfois du mal à faire le distingo entre les titres incontournables, et, ceux souhaitant profiter de ce vent de fraîcheur « indé » pour à tout prix vendre leur production bancale par wagons entiers de téléchargements Steam. J’ai moi même été, pendant très longtemps, assez sceptique sur ces nouveautés que l’on voit en page principale de la plate-forme de Valve et dont certains ne tarissent pas d’éloges sur les réseaux sociaux. Il faut vivre avec son temps comme on dit, du mien on feuilletait les magazines et on relisant la bonne parole prêchée par ces journalistes nous vantant les mérites de tel ou tel titre AAA ; comme le confessait Frédérick Raynal (papa d’Alone in the Dark et Little Big Adventure) dans un podcast récemment, ces superproductions de l’époque peuvent aisément s’apparenter aux productions indés actuelles de par les budgets alloués mais surtout quand on constate la taille très restreinte des équipes de développement. Aujourd’hui, je vais donc me pencher sur l’un de ceux qui m’a littéralement fait chavirer comme peu l’ont fait jusque là : Rogue Legacy.

 

 

Développé par la société Cellar Door Games, fondée en avril 2009 à Toronto (Canada), Rogue Legacy est le premier jeu « commercial » de la jeune entreprise dirigée par Teddy et Kenny Lee. Il a été commercialisé sur Steam en juin 2013 et adapté sur le PSN en juillet 2014. Nous parlerons ici des expériences vécues sur les deux versions à savoir sur PC et sur PS Vita, qui sont identiques en tout point si ce n’est un succès/trophée qui diffère (et non des moindres !).

Pour remettre dans le contexte et comprendre les mécaniques de Rogue Legacy, il convient de repartir à une époque assez lointaine du jeu vidéo : 1980. Michael Toy, Glenn Wichman et Ken Arnold décident de développer un jeu sur Unix (ordinateur de l’époque) appelé Rogue, imitant les « Dungeons & Dragons » mais surtout en lui apportant un aspect aléatoire aux niveaux et ennemis rencontrés… Ce qui en fit une expérience totalement novatrice et donna son nom au genre. Avec l’explosion de la scène « indé » ces dernières années et l’évolution du jeu vidéo en règle générale, ce type de jeux sortit de l’ombre avec des titres comme « The Binding of Isaac », « Dungeon of the Endless », « Spelunky » ou fut encore adapté sous forme de FPS avec l’excellent « Heavy Bullets ». Rogue Legacy est finalement un jeu de plate-forme avec un soupçon de RPG (évolution du personnage, de son équipement et différentes classes présentes), qui reprend les bases du Rogue-like au niveau de la gestion aléatoire des niveaux et des ennemis mais transposé dans un univers fantastico-médiéval que l’on pourrait comparer à Castlevania.

Vous vous retrouvez donc dans la peau d’un chevalier devant déjouer une malédiction, qui devra parcourir quatre zones distinctes : un château, une tour, une forêt et des catacombes avant de pouvoir défier le boss final. A chaque fois que votre personnage rencontrera la mort, vous devrez lui choisir un descendant pour que ce dernier continue votre quête (en conservant vos évolutions), mais dans un monde entièrement renouvelé sur le plan des pièces à traverser mais aussi des emplacements des ennemis. Chaque personnage peut appartenir à une des 10 classes prévues dans le jeu (à chaque début de partie choix d’une classe parmi 3 ou 6 personnages proposés), allant du barbare (barre de vie très importante) au mage (barre de magie conséquente) en passant par le dragon ou encore les mineurs spécialisés dans la récolte d’or.  Pour cela, une longue période de « loot » d’or (en tuant les ennemis mais aussi en cassant tous les objets rencontrés) vous sera nécessaire afin de monter un héros digne de ce nom, grâce à l’arbre de compétences prévu à cet effet (chaque compétence débloquée permet de gagner un niveau, le maximum étant le niveau 504). Niveau armement, vous serez équipé d’une épée, d’une arme secondaire qui variera selon les personnages (couteurs, hache, faux, corbeau dévastateur…) grignotant des points de mana, et au final d’un petit bonus supplémentaire suivant la classe du héros choisi (le cri du barbare qui repousse les ennemis, le bouclier du héros de base, la lampe torche du mineur…). Rogue Legacy est aussi un titre qui sait ne pas se prendre au sérieux avec des personnages ayant des traits particuliers comme le syndrôme de Tourette (insultes dès qu’il est touché), problème d’aérophagie, de vue (myope, ne voit qu’en couleur sépia…) ou plus gênant trop léger donc se retrouve projeté à l’autre bout de la salle dès qu’il est touché… Toutes ces choses qui font qu’on s’attache forcément aux personnages.

Les chandeliers à détruire – hommage à Castlevania – vous permettront de récupérer de l’or

Venons en à cet arbre de compétences, au début vous ne pourrez débloquer que points de vie / mana mais ensuite, il vous faudra débloquer trois personnages importants au futur de votre aventure :

  • Le Forgeron : il fabriquera des armes et protections avec les plans que vous aurez retrouvés dans votre aventure, ces équipements peuvent avoir des capacités supplémentaires comme des bonus d’armure, de coups critiques voire même de double saut…
  • L’Enchanteresse : elle vous dotera de facultés magiques comme le double saut, le « dash » ou encore la possibilité de récupérer des points de vie ou plus d’or en tuant les ennemis.
  • L’Architecte : très utile car il permet de « bloquer » la structure d’une partie (donc vous rejouerez dans la même configuration que lors du précédent run) mais vous percevrez uniquement 60% de l’or habituel.

Ensuite, vous devrez verser au personnage (Charon) se trouvant sur votre passage l’essentiel de votre butin non dépensé avant de partir sur une nouvelle partie. C’est cruel sachant qu’au début chaque pièce d’or est particulièrement importante mais il va falloir dépenser au mieux son argent dans les compétences utiles pour arriver rapidement à être à l’aise.

Il est possible de s’empaler dans les pics sortant du sol comme c’était le cas dans Prince of Persia

Les quatre zones du jeu se retrouvent facilement, chaque partie débuter toujours dans le château, à droite de celui-ci la zone de la forêt, en haut la tour et bien évidemment tout en bas les catacombes (c’est d’ailleurs dans cet ordre qu’il vaudra mieux les appréhender pour une progression plus aisée). Ces zones de distinguent par un habillage graphique, une bande sonore (façon midi des années 80-90), des pièges et un bestiaire différents, il vous faudra donc apprendre les « patterns » des ennemis et les façons de déjouer les embuches comme dans tous les anciens jeux. Chaque zone est ponctuée d’un boss final et parfois parsemé de sous fifres qui donneront accès à des bonus non négligeables pour la suite de l’aventure (points de vie, mana, grosse quantité de pièces d’or). On peut juste regretter que les ennemis ne soient pas plus variés tout comme les boss qui sont des versions géantes de créatures que l’on rencontre au fil de l’aventure.

Un sort aléatoire à récupérer sur les tombes de prière n’est autre que la tare de Sonic faisant perdre à notre héros une bonne partie de son butin dès qu’il est touché

Graphiquement parlant, Rogue Legacy a un look 2D fait à base de pixelart qui est un vrai régal pour ceux qui aiment ces jeux au look d’antan mais pas désuets pour autant. On est loin de l’univers graphique très minimaliste (mais ô combien charmant) de l’excellent « Risk of Rain » ou encore de l’aspect flash de « The Binding of Isaac », on retrouve cette patte graphique propre aux titres 16 bits de la grande époque de la Megadrive ou de la Super Nintendo. On notera de temps en temps des petits clins d’œil comiques dans le fond d’écran en plus des easter eggs voulus ou non (?) ou encore les deux amusants PNJ, qui auraient mérité d’être mis un peu plus en avant. La jouabilité est parfaite (que ce soit au clavier ou à la manette), la configuration des touches est similaire aux autres jeux du genre, tout ce qu’il y a de plus intuitif, avec un gameplay particulièrement bien pensé, Rogue Legacy est donc un vrai régal… facile à prendre en main et à maîtriser même s’il vous faudra être patient et avoir débloqué un nombre important de compétences avant de pouvoir pleinement profiter des subtilités du gameplay. D’un point de vue « replay value », Rogue Legacy fait vraiment bien le job en ajoutant une dose d’addiction très particulière qui a pour conséquence le syndrome du : « encore une partie »…

Que dire de plus sur ce titre, si ce n’est que j’ai failli passer à côté, ce n’est qu’à sa sortie que j’ai vu un message sur twitter proposant de l’acheter sur le site de Cellar Door Games… pour tout vous dire, j’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans le jeu avec sa difficulté assez rebutante au départ, et surtout avec le peu de pièces d’or qui tombaient, c’est vrai qu’il demande un peu d’investissement mais les parties très courtes et surtout le sentiment permanent d’évoluer est assez particulier, c’est quelque chose que je n’ai pas encore réussi à retrouver dans d’autres Rogue Like… ajoutez à cela une bande son qui marche du tonnerre, pour peu que le cocktail chiptune et pixelart vous plaise, ce jeu est fait pour vous ! Un coût relativement minime sur Steam ou GOG avec notamment les soldes, un peu (trop ?) cher sur le PSN mais avec la possibilité de jouer en cross-plateforme sur PS3/PS4 et PSV avec sauvegarde automatique sur le cloud. Ne pas essayer Rogue Legacy serait un sacrilège, certains de mes proches en savent quelque chose !

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